En étant sur TechLUG, vous pensez bien que faire l'impasse sur le Boeing 747 Shuttle Carrier Aircraft #10360 n'était pas une option...

Donc nous y voilà.
Et avant toute chose, le Shuttle Carrier Aircraft (SCA), c'est quoi ?
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Le SCA servait principalement à déplacer la navette de la piste d'atterrissage vers la base de lancement. Il a aussi été utilisé pour réaliser des tests aérodynamiques de la navette dans l'atmosphère. Car comme vous le savez, la navette atterrit comme un avion. En vol, les 2 engins sont connectés par 3 points d'ancrage, et la navette est équipée d'un carénage qui recouvre ses 3 tuyères afin de fortement réduire les perturbations aérodynamiques. Les présentations étant faites, on va resituer le contexte Lego...
L'annonce officielle a été faite il y a 3 semaines par Lego. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le set n'a pas déchainé les passions. Il est passé presque inaperçu. Et j'ai la forte impression que la communauté a déjà tourné la page.

Il est difficile de ne pas faire une comparaison avec le Concorde #10318... En Aout 2023, le Concorde avait suscité un réel engouement ! (review : viewtopic.php?p=206020#p206020 ). Le #10318 faisait rêver autant que le vrai avion. Il m'est personnellement arrivé que des personnes sans affinité particulière avec les Lego me parlent quelques instants du Concorde en Lego au détour d'une conversation.
Même dans le cas d'une comparaison avec la navette spatiale #10283 (un set possédé par à peu près tout fan de Lego qui se respecte


Car en 2025, tout le monde connait le Concorde, le Boeing 747, et la navette spatiale. Mais la navette accrochée à un avion...

Moi même, je vous avoue que le sujet ne m'intéresse pas énormément. Transporter la navette d'un point A à un point B sur Terre, ça ne me fait pas rêver plus que ça.

Bref, je pense que vous avez saisi le contexte : le tableau de notre SCA est plutôt sombre...

Voici les infos produits :
- 2417 pièces
- 230€
- sachets numérotés de 1 à 16
- et une planche de stickers.
Et tiens, parlons-en de la planche de stickers. C'est vrai, je ne râle quasiment jamais sur le sujet car j'estime que bon nombre de stickers apportent des motifs qui n'ont rien d'essentiel. D'ailleurs, il faut bien reconnaitre que la quantité de stickers sur la planche de notre #10360 est très raisonnable. Le couac est ailleurs : ils représentent des détails qui n'ont rien d'anodin ! Le logo de la Nasa, les drapeaux des USA. Ce sont des éléments aussi importants que le logo à l'avant d'une voiture, et malgré ça, on se tape de stickers...

Dans les pièces récentes mais pas encore très courantes, j'ai remarqué :
- la slope curved 2x2 curved round : https://www.bricklink.com/v2/catalog/ca ... age?P=5852
- et le drapeau pointu : https://www.bricklink.com/v2/catalog/ca ... age?P=5555
Et dans les nouvelles pièces, j'en ai repéré 2 : les trains d'atterrissage, et les "anneaux studful". Ces anneaux me semblent être une évolution de

La construction se décompose logiquement en 2 livrets. Et on commence par la navette.
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Par la force des choses, le format de la navette ne permet pas d'avoir une construction de folie. Je dirais qu'on est au niveau d'un bon set Creator.

Sachets 1 et 2 :
On a un plancher en 3 épaisseurs de plates sur lequel on empile. On a du SNOT principalement pour les réacteurs auxiliaires et les points d'attache

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On a aussi 2 petits modules pour retourner la construction avec des clips et

Sachets 3 et 4 :
On poursuit avec encore un peu de SNOT à l'avant. Puis on ajoute les portes de la soute, et le support sur lequel s'accrochera le plan fixe vertical.
Concernant ce plan fixe tenu par clips, on retrouve une fixation qui repose sur le principe de la double diagonale. Le décalage entre les 2 clips du support...
... est identique au décalage des 2 points d'attache sur le plan vertical. Autrement dit, la correspondance est parfaite. Cette technique est assez déroutante au début, pourtant, si vous arrivez bien à la cerner, vous verrez qu'elle est relativement logique et qu'elle permet de réaliser des montages avec des angles peu communs. Le carénage qui recouvre l'arrière de la fusée utilise d'ailleurs lui aussi cette technique entre les clips Tan et DBG.
Et voici la navette terminée :
Le rendu est plutôt clean, avec un excellent respect des proportions, et ce malgré la taille très modeste de l'ensemble. Le nez est une zone assez complexe en principe, et il a été parfaitement géré avec des briques finalement assez basiques. La forme des ailes est bonne, mais j'avoue être quelque peu étonné du bord d'attaque gris clair et non noir.

Bien entendu, compte tenu de l'échelle, il n'est pas question ici d'avoir des volets mobiles ou autre fonction du genre. L'arrière est bien reproduit également, avec les 3 tuyères principales et les 2 tuyères auxiliaires.
La principale qualité de cette navette, c'est qu'on peut démonter les tuyères, le support arrière et les 3 trains d'atterrissage pour les stocker DANS la navette. Oui, tout rentre ! Vous allez me dire "Ouais mais en vrai c'est pas comme ça". Certes. Mais je trouve que c'est un raccourci acceptable compte tenu de l'échelle afin d'avoir la navette en "configuration de vol", ou bien en "configuration de transport". Et c'est cool de ne pas avoir pièce qui traine à côté, posée par terre, quand on passe d'un mode à l'autre.
Je ne trouve pas non plus gênant le fait que la navette ne transporte pas de satellite. Car quand la navette vole avec le 747 pour être "rapportée" vers l'aire de lancement, elle n'est pas censé transporter un satellite.
Accessoirement, je me permets de rappeler que la navette 10283, pourtant 2 fois plus grosse, ne permet pas de stocker l'intégralité de Hubble. Ca remet les choses en perspective...

Et quand on met le fuselage arrière, on a quelque chose de très épuré.
Sur la face inférieure, pas de faux pas. C'est net et précis. Les 3 points d'ancrage restent discrets et les jointures sur le carénage arrière sont soignées.
Voilà pour la navette. Maintenant, il est temps de se pencher sur le 747.

Et là, je vous le dis, vous n'êtes pas prêt. Je ne l'étais pas non plus. Vous vous souvenez du Concorde dont je vous vantais les mérites en introduction ? Et bien techniquement, ce Boeing lui colle une rouste. Une bonne grosse rouste.

Ca ne veut pas dire que tout est parfait (d'ailleurs, est-ce l'objectif ?). Mais pendant toute la construction, ce 747 se renouvelle et apporte une variété et des astuces à faire pâlir le Concorde. Et vous en conviendrez aisément : il n'est pas chose facile que de faire pâlir un oiseau blanc.

Sachet 5 :
Dès le départ, ça attaque dur ! Un joli mix de studful et de studless pour réaliser le mécanisme du train d'atterrissage. Les pièces orange sont temporaires. Celles en studful servent à poser la construction de manière stable. Quant à la pièce studless, elle permet de conserver un bon alignement entre les axes des 2 trains d'atterrissage. Bah ouais, ce serait un peu couillon qu'ils ne soient pas synchronisés...

Sachet 6 :
On continue avec le mix studful et studless afin de finaliser les trains d'atterrissage principaux. L'engrenage 24t sert de molette. L'axe qui part vers l'arrière alimente 2 vis sans fin :
- la première

- la seconde

On a fait que 2 sachets, et vous voyez déjà le niveau...
Sachet 7 :
On réalise un module similaire, mais pour le train avant. On a donc une combinaison de studful et de studless. Mécaniquement, un 16t se repique sur le 24t qui sert de molette, et un axe file vers l'avant où une autre vis sans fin

Et là, il faut noter plusieurs choses :
- ces pièces


- la paire de 8t est nécessaire pour que le train d'atterrissage avant fonctionne dans le même sens que les trains d'atterrissage principaux.
- le pin joiner


Sachet 8 :
On SNOTe à ne plus savoir où donner de la tête...

Et on fait la jonction avec le précédent module. A la vue de la photo ci-dessous, on se dit que le mec qui a pondu un truc pareil doit venir d'une autre planète.

Sachet 9 :
On rajoute pas mal d'habillage en SNOT, et la pente arrière de la bosse du 747 grâce à des clips. Par rapport à ce qu'on a vu juste avant, c'est plutôt simple.

Sachet 10 :
On s'attèle désormais à construire la queue, et plus exactement sa structure. Là encore, beaucoup de SNOT, et 2 points d'intérêt à mon sens :
- au niveau des pièces rouges et marron, la construction est retournée afin d'avoir des tenons vers l'avant ET vers l'arrière.
- le plan fixe vertical sera fixé au moyen de clips. Et pour cela, on retrouve à nouveau la méthode de la double diagonale. Incontournable, je vous dis.

Sachet 11 :
On SNOTe encore, et on réunit les modules. On a désormais une bonne idée de la taille du modèle quand il sera terminé.
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Sachet 12 :
Encore un sachet génial... On construit des longues baguettes pourvues de clips de façon à les accrocher à 45° sur les "anneaux" qui ont été intégrés à plusieurs endroits dans le châssis studful. La technique hyper délicate et élégante. Pour les connaisseurs, c'est un montage semblable à celui que l'on trouve sur l'un des étages de la Saturn V #21309.

Dessus...
... et dessous.
Sachets 13 et 14 :
Les ailes. Mon Dieu, les ailes.


La base est en briques, et la transition vers les plates se fait avec une bonne paires de... Jeune homme, vous avez vraiment l'esprit mal placé.


Je pensais bien sûr à une paire de


J'ai aussi été amusé par l'angle donné aux réacteurs. Une hinge plate



On enfile les bases studful des ailes sur les axes Technic qui dépassent du fuselage. Et on clipse les bases en plates sous le ventre de l'avion.

Et il n'y a pas de demi millimètre qui traine ou autre décalage à la con. Non, rien de tout ça. L'assemblage est solide et d'une précision chi-rur-gi-cale.
Moi, je veux qu'on me dise. Je veux qu'on me dise combien de semaines le Designer a bossé sur cet assemblage pour finalement nous pondre un truc pareil.

Sachet 15 :
On construit l'empennage. Les plans horizontaux ont des assemblages géométriques amusants. Rien de compliqué, mais ça fait son petit effet. Les plans horizontaux sont fixés à la queue de l'avion avec des pièces Technic :


Sur le plan vertical, on a des tiles 6x6 intégrées dans l'épaisseur. Cette "fantaisie" est bien entendu à rapprocher des stickers.

Sachet 16 :
On termine avec le socle. Faut être honnête : pour un simple socle, sa construction est assez bordélique.

Disons que le socle doit composer avec la face inférieure très complexe de l'avion, tant par la présence des trains d'atterrissage que par l'angle des ailes.
Et v'là le bestiau paré au décollage.

Je trouve qu'on a un bel objet. Le modèle est fluide, avec une ligne très dynamique grâce au design des ailes. J'aurais malgré tout bien aimé quelques sérigraphies en plus.

Le truc qui me gène le plus - et c'est même quasiment le seul truc qui me gène - c'est le nez. Je ne parle pas de la sculpture réalisée avec différentes slopes, wedges, etc. Cette sculpture me parait tout à fait satisfaisante dans le cadre d'un modèle réalisé en briques Lego. Je parle vraiment du nez : il me parait un chouia trop long, ce qui ne correspond pas exactement à l'identité du 747. Cela dit, ça ne se voit que lorsque l'on a les yeux quasi collés sur le nez de l'avion. Quand on est à une certaine distance, l'ensemble est très harmonieux.
Les sérigraphies pour la ligne bleue et le cockpit apportent une jolie finition. La "bosse" est assez courte, mais c'est conforme au SCA. Certains 747 commerciaux avaient une "bosse" plus longue ; se référer à ces versions pour apprécier la qualité de notre #10360 serait une erreur.
Le fuselage est franchement canon !
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Sur les ailes, le mix briques/plates s'en sort honorablement. La forme des ailes est superbe.
Le bord d'attaque est joliment fini avec des slopes curved, et les réacteurs sont très sympa. Malgré leur taille assez réduite, ils n'ont à mon sens pas de réel compromis sur le plan visuel.
La queue de l'appareil est aussi dynamique que les ailes. On a un très joli rendu...
... sauf quand on regarde vraiment de dessus. La jointure entre les plans horizontaux et le plan vertical n'est pas ce qui se fait de mieux.

Bien évidemment, le set intègre les 2 stabilisateurs verticaux aux extrémités du plan horizontal, comme sur le vrai SCA. Ces stabilisateurs ont vocation à compenser les perturbations aérodynamiques causées par la navette.
Tout à l'arrière, le dome 3x3 donne l'impression d'avoir une forme en champignon assez déroutante. Mais d'après mes recherches, ce rendu est assez conforme au design du vrai 747.
Le dessous est plus brouillon que le Concorde du fait des trains d'atterrissage qui prennent davantage de place, et des ailes réalisées en plates et non en briques SNOTées. Mais sur le tube, le fuselage reste de très bonne qualité. Il faut aussi apprécier l'authenticité des trains d'atterrissage : ils se déploient exactement de la même façon que sur un vrai 747.
Et hop, on dispose le modèle sur son socle ! Exposé de la sorte, le modèle me fait vraiment penser aux maquettes que l'on voit parfois dans certaines entreprises. C'est fidèle, dynamique, sobre. Et ça ne prend pas une place démesurée. Le set est BEAUCOUP plus facile à exposer que le Concorde #10318.

Les proportions sont parfaitement respectées. De face, on voit bien la ligne légèrement montante des ailes. Visuellement, l'effet est superbe !
Puis, on rajoute la navette. Je précise que le système d'attache de la navette est un petit bijou. L'attelage et le dételage sont très faciles. Et lorsque les 2 engins sont réunis, l'ensemble demeure solide. Après, vous vous doutez bien que si vous essayez de soulever le tout en saisissant la navette, ça ne va pas bien se passer...

Avec la navette et l'avion réunis, je trouve que l'on a également un bel ensemble. Tout est bien proportionné, et toutes ces ailes et ailettes qui ont des angles très dynamiques, ça donne une impression de légèreté.

Je l'ai déjà dit, mais je le redis : du fait de la taille raisonnable de l'ensemble, je trouve que l'on peut réellement faire un parallèle avec une vraie maquette d'avion que l'on voit parfois dans des bureaux ou salles de réunion. De mon point de vue, le Concorde se prête moins à ce genre d'analogie, du fait de sa taille envahissante.
Si vous voulez faire mumuse avec votre #10360, en saisissant le socle et en virant de bord dans le salon ou dans la cuisine, je vous conseille vivement de tempérer vos ardeurs. Le design du ventre de l'avion et celui du socle farfelu pourraient vous mener à la catastrophe. Mon SCA a d'ailleurs bien failli y passer, du fait du manque de stabilité latérale.
Quand le modèle est posé sur une étagère, il n'y a pas de souci à déplorer : c'est suffisamment stable, et certainement moins casse-gueule que le Concorde et son mètre de longueur...

Bouclez vos ceintures !
Décollage...
... vers l'infini et au delà !

Oui, le SCA n'est pas aussi iconique que la Concorde. C'est incontestable. Mais je vous l'assure, ce #10360 n'a absolument rien à envier au Concorde #10318 de 2023. C'est une réussite technique et esthétique. La relative facilité à exposer le set joue aussi nettement en sa faveur.
Et puis si vraiment vous vous désintéressez du SCA, vous avez toujours la possibilité de transformer le set en un simple 747, en retirant la navette et les 3 points d'attache. Techniquement, ce n'est pas bien compliqué, et vous aurez un Boeing 747 Lego digne de ce nom. On peut même imaginer des personnalisations de la queue pour arborer la livrée de son choix. A ce titre, la construction du plan fixe vertical est du quasi pain béni pour reproduire la queue de Air France...
